Grandes cultures Simuler les bénéfices des leviers bas carbone
50 projets bas carbone ont été mis en place par Arvalis dans neuf fermes types grandes cultures. Premiers résultats.
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Arvalis a réalisé en 2021 et 2022 des simulations pour évaluer la faisabilité et la performance des leviers proposés par le label bas carbone. Les 50 projets mis en place sur neuf fermes types en grandes cultures (1) ont été comparés à la ferme de référence (sans mise en place de leviers) en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES), de stockage de carbone dans le sol, de prix de crédits carbone et de co-bénéfices notamment. Les leviers sont de trois types : réduction des émissions de GES associées aux combustibles fossiles, celles associées à la fertilisation et celles obtenues par stockage dans le sol (2).
Avant la mise en place des projets, huit fermes type avaient un bilan carbone initial net émetteur de C02, allant de 0,5 TéqCO2 émis par hectare et par an en Alsace, à 3,5 TeqCO2 dans la plaine Bourguignonne. Seule une exploitation, en vallée de l'Adour, a un bilan positif (0,4 teqCO2/ha/an). Néanmoins, déjà aujourd’hui, six fermes stockent du carbone dans leur sol, entre 0,9 et 2,7 TéqCO2/ha/an.
"Sur les 50 projets mis en place, 44 génèrent des crédits carbone avant rabais (3), entre 0,01 et 1,24 TeqCO2/ha/an (4)", chiffre Valérie Leveau d'Arvalis. Par exemple sur la ferme type en Champagne Crayeuse (242 ha), un des projets visait à réduire la dose d’azote minéral sur céréales grâce à des PRO (produits résiduaires organiques)(fientes de poules). Une réduction d’émissions de 0,49 TeqCO2/ha/an a été observée, grâce à l’augmentation du stockage dans le sol. Soit 592 crédits carbone (CC) générés sur cinq ans pour l'exploitation.
Toutefois, « pour les fermes avec un bilan initial émetteur, aucun des projets unitaires ou combinés ne permet de compenser les émissions à 100 % et ainsi d’atteindre la neutralité carbone », relativise l’institut technique.
Efficacité des leviers
Les leviers sont plus ou moins efficaces, selon la situation de l'exploitation, mais ils possèdent une bonne additivité. Les couverts permettent d’atteindre 0,24 à 0,70 CC/ha/an, attention toutefois au rendement en biomasse selon les aléas climatiques. Avec l’intégration de légumineuses dans l’assolement, on arrive entre -0,02 et +0,71 CC/ha/an, avec un bilan très variable selon les cultures. La diminution de la dose d’azote minéral et le changement de forme azotée permettent d’apporter entre 0,02 et 0,36 CC/ha/an. Pour les PRO, une culture intermédiaire à vocation énergétique avec du digestat amène entre -0,22 et +0,54 CC/ha/an, et un apport sur couvert ou sur céréales entre -1,2 et +1,2 CC/ha/an, selon le type de PRO.
« Une amélioration du bilan initial est donc possible dans toutes les fermes, mais elle dépend de la situation de la ferme type au départ et des leviers mis en place (surface concernée, son potentiel…), souligne Arvalis. Et d'ajouter : "malgré un bilan initial plus émetteur pour certaines fermes, il n’est pas plus facile d’améliorer le bilan". Il ne faut pas aussi oublier la faisabilité des projets (facilité de mise en œuvre, technicité) et le risque climatique.
(1) Limon Nord France, Champagne Crayeuse, Plateau de Bourgogne (Barrois), Alsace dominant maïs (irrigué), plaine de Lyon gravier (irriguée), Lauragais, Riscle (irriguée, vallée de l’Adour), Poitou-Charentes (partiellement irriguée)
(2) Lire la France Agricole du 18 novembre 2022, p 40.
(3) L’application de rabais pallie les risques d’incertitudes, de non-permanence, de non additionnalité.
(4) 1 TeqCO2 non émis = 1 crédit carbone
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